Pendant les vacances on lui donne des
clous à redresser dans l'atelier .Elle
prend peu de plaisir à cette tâche. Les idées tordues de son père sont sur l'établi , prises dans le fer. Elle cogne dessus avec le marteau mais il n'y a rien à espérer : une bosse disparaît pour réapparaître plus loin. Elle suit des yeux ces déplacements et pense qu'il faudrait ouvrir le clou sur toute sa longueur comme une anguille pour enlever le mauvais. Au bout de quelques temps, dans ce décor d'huile de vidange, de vieux moteurs amputés et de hangar sans lumière, Clarisse fait semblant de cogner sur quelque chose, n'importe quoi, l'enclume ou l'étau. Elle ne veut plus être aux fers et envisage sérieusement de s'arracher de là pour aller se planter sur une planche à roulettes.

David Dumortier